Portrait d’artisane d’art: Atelier Rose de Bois
Voilà trois ans maintenant que Sarah a ouvert son atelier de marqueterie, Atelier Rose de Bois en Savoie. Artisane d’art, elle a à cœur de défendre un savoir-faire, de transmettre sa passion mais surtout de créer et de façonner le bois et les matériaux pour les transformer en mobilier de décoration d’exception.
C’est la vie qui a mis Sarah sur mon chemin et, en dehors de notre intérêt commun autour de l’artisanat et des valeurs qu’il véhicule, j’ai découvert une personne à la fois douce et déterminée, mais surtout passionnée !
Je reste toujours époustouflée quand je vois combien le bois, la nacre ou la paille se plie aux volontés de ces créatrices aux doigts d’or, Sarah n’a rien a prouver de ce côté là. Je vous propose donc de découvrir son travail ainsi que son parcours, que vous pouvez aussi retrouver sur son Instagram.
Avant toute chose, pourrais-tu te présenter pour celles et ceux qui te découvrent ?
Je m’appelle Sarah, j’ai 28 ans et je vis dans la jolie ville de Chambéry, entre lacs et montagnes. Mon métier est à la fois passionnant, délicat et surprenant. J’ai créé en février 2020 L’Atelier Rose de Bois où j’exerce mon métier-passion, la marqueterie d’art. Certifiée Artisane d’Art, je design et réalise des décors sur-mesure en marqueterie multi matériaux. Dans mes réalisations, j’emploie de nombreux savoir-faire et de nombreuses matières, bien évidemment le bois qui est mon cœur de métier, mais j’utilise également de la nacre, du laiton, de la paille de seigle, le cuire, de la feuille d’or, de la feuille de pierre… Mes œuvres sont empreintes d’influence Art Déco et Art nouveau, minimaliste, mais également de l’art du vitrail et du monde du tatouage ! Je réalise l’intégralité de mes œuvres à la main.
Comment as-tu découvert cette fibre artistique qui sommeillait en toi ? Comment s’est-elle révélée ?
J’ai développé très tôt ma fibre artistique. Déjà toute petite, je m’amusais à décorer et à construire des meubles en papier et carton pour mes jouets, à construire des cabanes en forêt et essayer de les aménager, à redécorer ma chambre toutes les semaines, au grand désespoir de mes parents !
Ma grand-mère paternelle a été l’élan principal et essentiel de ma créativité, elle aimait (et elle aime toujours !) peindre, dessiner, jouer du piano, coudre et tricoter… Nous avions réaménagé le grenier de sa maison pour créer un « atelier d’artiste » avec ce que nous avions sous la main, et n’importe quel support était une opportunité supplémentaire de laisser notre créativité s’exprimer ! Elle m’a transmis ce qu’elle savait et ce qu’elle pouvait, et à développer mon envie de faire avec mes mains.
Que trouves-tu de spécial dans ton domaine de prédilection qu’est la marqueterie ? Comment l’as-tu découverte ?
Ce que j’aime le plus dans mon métier, c’est l’émerveillement des personnes qui découvre ou redécouvre cet art. Pour certain·e·s, cela leur remémore des souvenirs de maison de famille, des meubles de grands-parents, de bons moments en famille. Beaucoup n’imaginent pas que ce genre de métier d’art existe, et simplement leur faire découvrir et perpétuer l’existence de cet artisanat est l’une de mes plus grandes fiertés.
J’ai découvert la marqueterie durant mes études d’ébénisterie et j’en suis littéralement tombé amoureuse ! Il n’y a presque aucune limite à la création, sauf notre imagination. Ce métier allie parfaitement tradition et innovation, il me permet d’exprimer toute ma créativité, ma sensibilité et ma technicité. J’adore toucher (et sentir surtout !) le bois, admirer l’iridescence de la marqueterie de paille, la douceur de la nacre… Je suis toujours fasciné par ce que la nature a à nous offrir. C’est un art du sublime, de l’apparat, qui donne de la noblesse à n’importe quel objet, mobilier ou intérieur dès lors qu’on prend le temps de le décorer. C’est un métier en contre-temps de notre monde actuel, il faut donner du temps et de la passion à chaque réalisation, et c’est ça qui les rend uniques.
Était-ce une évidence de te lancer dans ce domaine après le BAC par exemple ? Quel a été ton parcours de vie ?
Je me suis toujours imaginée dans un atelier d’art, sans savoir exactement dans quel domaine, mais j’avais la certitude très jeune que l’aboutissement de mes rêves serait dans mon propre atelier, là où je pourrais créer et transmettre mes connaissances. J’ai naturellement orienté mes études dans l’art, et l’univers m’a très certainement beaucoup guidé au vu de mon parcours !
Après un BAC Économique et Social pas très passionnant, j’ai débuté mes études supérieures dans une MANAA (Mise à Niveau en Art Appliqué) pour pouvoir enchaîner sur un BTS Design d’espace, mais mon école a fermé le diplôme à la suite de ma première année d’étude. Je me suis alors orientée dans une licence Histoire de l’Art et Archéologie pour poursuivre sur un Master Objet d’Art pro, master qui a lui aussi fermé ses portes juste après l’obtention de ma licence. N’ayant pas d’autres masters en vue et voulant revenir dans un domaine plus manuel, j’ai décidé de me lancer dans un CAP Ébénisterie, avec l’optique d’enchaîner avec un DMA Décors et Mobilier, et comme dit l’adage « jamais deux sans trois », le diplôme a également fermé !
Ironie du sort, ne savant plus ou m’orienter, un de mes professeurs d’ébénisterie m’a proposé de compléter ma formation avec un CAP en Marqueterie au vu de mes aptitudes en décors et en placage. Et finalement, après l’obtention de ce diplôme, me voici 3 ans plus tard avec l’Atelier Rose de Bois !
Pour clôturer l’anecdote, l’école a également fermé la formation en marqueterie un an après mon passage !
Je ne sais pas quelle force a guidé ma vie, mais en tout cas elle était vraiment déterminée à me faire découvrir la marqueterie !
En parallèle de toutes ses études, je me formais dans des ateliers d’ébénisterie, de restauration, de dorure… J’aime découvrir tous ses métiers qui ont construit et façonné l’artisanat d’aujourd’hui.
La vie d’auto-entrepreneuse nous oblige à être multitâches : création, comptabilité, fournisseurs… Comment t’organises-tu pour arriver à créer ?
Je me considère comme être une personne très (parfois trop) organisée… J’aime tout contrôler, mais je travaille mieux en flux tendu ! Cependant, il est parfois difficile de ne pas tomber dans la procrastination active, de faire une tâche à la place d’une autre alors que ce n’est pas forcément la tâche prioritaire ou la plus pertinente sur le moment, mais globalement, mes journées se divise entre matinées entrepreneuse, comptabilité, communication, RDV… Et après-midi artisane dans l’atelier !
Il faut être réaliste, l’entrepreneuriat dans l’artisanat, ce n’est pas vivre d’amour et de copeaux dans un atelier toute la journée, il faut plutôt voir ça comme du 40/60 : 40 % dans mon atelier à créer de mes mains, 60 % à porter ma casquette de cheffe d’entreprise et m’occuper de l’administratif, du suivis de mes commandes, de trouver de nouvelles·aux client·e·s et de nouvelles·aux partenair·e·s, d’organiser les futures expositions et salons, d’organiser mes stages d’initiation…
Il n’y pas d’école ou de diplôme pour apprendre à être auto-entrepreneuse, alors chaque jour comporte son lot de découverte, d’apprentissage, de haut et de bas, mais c’est ça être cheffe d’entreprise ! C’est un enrichissement perpétuel et un million de défis à relever !
Pour toi, quels en sont les avantages et les inconvénients de cette vie d’entrepreneuse ?
Les avantages sont incontestablement la liberté ! Dans la théorie, on peut faire ce qu’on veut quand on veut. Dans la pratique ce n’est pas exactement comme ça que ça se passe !
On organise notre planning comme on le souhaite, pas de patron·e pour nous donner des ordres ou nous imposer des horaires !
Pour beaucoup notre vie d’entrepreneur·se est une chance ! En réalité, ce n’est pas une chance, mais des prises de décision, beaucoup de travail, de remise en question et de sortie de zone de confort. Le revers de la médaille de cette liberté ? Personne ne va effectuer le travail à notre place, et à la fin du mois, personne ne nous garantit un salaire fixe, des horaires fixes, des clients fixes… Alors notre liberté peut vite se transformer en semaine de 60 heures ! Heureusement, ce n’est pas souvent le cas ! Tout est une question d’organisation !
Mais le plus important dans tout ça, c’est de travailler pour nous, nos rêves, nos ambitions, et être alignée avec soi et ses convictions.
Et si en plus on peut apporter un peu de beauté au monde et entretenir notre patrimoine culturel, quoi de mieux ?
Aurais-tu un prochain projet à nous partager ?
Certains projets sont encore secrets… Il faudra patienter un petit peu !!
Actuellement, je travaille sur le design d’une gamme de mobilier et d’objets décoratifs d’inspiration néo-art déco et également sur le développement de mes stages d’initiation à la marqueterie de paille.
En ce qui concerne l’actualité de l’Atelier Rose de Bois, je participe à la première édition du salon des Métiers et de l’Artisanat d’Art de Savoie en novembre. Vous pourrez donc y retrouver mes dernières créations, et moi par la même occasion !
Avec ton expérience passée, quelle est la chose dont tu es la plus fière ?
Ce dont je suis la plus fière, c’est surtout de ne pas avoir abandonné mon projet, malgré les innombrables difficultés rencontrées, et de faire vivre un métier si rare et méconnu.
J’espère un jour pouvoir former de nouvelles générations et contribuer à sauvegarder notre patrimoine. Car finalement, la plus grande richesse que l’on a, c’est avant tout notre savoir-faire, et le plus beau cadeau que l’on puisse faire et de le transmettre à notre tour.
Enfin, quel est le meilleur conseil que tu aies jamais reçu et que tu transmettrais volontiers à celles & ceux qui nous lisent ?
De croire en soi et en ses rêves, rien n’est impossible, il faut juste prendre le temps nécessaire pour atteindre ses objectifs.
Certain·e·s mettront 2 mois, d’autres dix ans, ça n’a pas d’importance. Le voyage ET la destination comptent ! C’est complétement normal d’être un jour ultra motivée, et le lendemain se demander ce qu’on va faire de sa vie ! Souvent, quand un problème important arrive, je me dis « ok, là, maintenant tout de suite, c’est compliqué, c’est presque insurmontable, mais je sais que dans un mois tout sera passé et que j’aurais réussi à trouver une solution, je ne l’ai peut-être pas aujourd’hui dans l’immédiat, mais elle arrivera ».
Autrement dit, il faut laisser le temps au temps ! Plus facile à dire qu’à faire.
Et surtout, auto-entrepreuneur·se ne veux pas dire être seul·e, il faut s’entourer d’autre solo-preneur·se pour partager son voyage et ses expériences !
Grand merci Sarah pour ton partage et à très bientôt : )
Toutes les photos sont ©Sarahdesaintjean_atelierrosedebois
Laisser un commentaire