slow life
Ou l’importance de ralentir.
Je vous écris ces lignes un soir d’été, car cette période est idéale pour nous permettre de revenir à l’essentiel.
Pendant cette saison des “grandes vacances” dont nous – adultes – nous garderons toujours la nostalgie de ce temps estival d’infinies joyeusetés et d’insouciances, c’est le moment où la société globalement s’accorde à partir à vacances. A ralentir enfin (un peu). A se dépayser, pour affronter de nouveau, à “la rentrée” la reprise de ce rythme effréné qui nous tient en haleine 10 mois sur 12.
C’est parfois à ce moment là qu’on tente de passer au mode “slow”. Mais attention, “slow” ne veut pas dire laxiste ou mou.
C’est même le contraire.
Le concept de “slow life” est aujourd’hui utilisé pour décrire une conception de la vie, un rapport à un mode de vie et de consommation plus “lent”. Ce qui sous-entend, plus en conscience, plus en adéquation avec l’environnement mais également avec l’autre : c’est une manière de décider de couper-court avec ce rythme intense qui nous aspire de jour en jour, sans possibilité de vérité, de véritable contact avec l’autre, avec la Nature, avec notre Monde.
Les prises de décisions sont alors plus réfléchies, plus cohérentes – car dénuée de toute notion de superflu.
Il vous est déjà arrivé de dire à voix haute “Bon, maintenant je vais pouvoir me poser ” ?.
Je suis sûre que oui !
“Vous poser” : parce que oui, vous volez, littéralement, dans cette véritable fuite en avant moderne qui nous exhorte à n’habiter que peu de temps nos existences.
Dans son ouvrage Chez soi, une odyssée de l’espace domestique (2016, Ed. la découverte), Mona Chollet exprime mon sentiment “Si la clef du bonheur est d’être maître de son temps (…) alors ce monde compte peu d’heureux”.
Tout est dit.
Êtes-vous maître de votre propre temps ?
Personnellement, pour le moment non. Mais j’y travaille.
Nous sommes continuellement assaillis de questions sur nos choix – ce qui est fabuleux de pouvoir avoir cette opportunité de décider pleinement de notre trajectoire de vie, certains pays n’offrent pas cette chance.
Mais, il faut choisir VITE.
Ces choix deviennent des injonctions à être heureux, à être mère, à être émancipée ou à être viril, à être indépendant ou à être parent… Ou tout ça en même temps – tout en s’incluant dans nos sociétés qui elles, n’évoluent toujours pas.
Quitte à ne pas oser s’avouer qu’on a pu se tromper, ou que tout simplement cela ne nous convient plus.
Voire que cela ne nous a jamais convenu : le Féminisme défend d’ailleurs des choix de vie assez fondamentaux autour de la maternité, de l’indépendance des femmes, de leur sexualité ou leur sexualisation etc. afin de couper court à bons nombres d’injonctions qui pendent au nez des femmes depuis des siècles.
Courageux celles et ceux qui osent se poser, véritablement et avec justesse.
Affronter leur réalité pour en dévier le cours et déjouer l’horloge du temps.
Bref, ralentir.
Personnellement, le mode de vie “slow-life” m’est devenu nécessaire, bien qu’initialement, je n’en avais pas conscience.
Il m’a permis de me connecter aux sujets qui font sens et qui me rendent heureuse. D’après mon expérience, ce ralentissement permet de reprendre conscience de notre propre rythme interne, personnel, celui de notre corps, de notre esprit… Et donc de nous relier à l’Humanité.
Stéphanie Lafranque évoque ce rythme dans son ouvrage, Les Gardiennes de la Lune (2019, Ed. Solar) “Comme les mariées océaniques, nous avons nos propres mouvements intérieurs. Les révéler nous fait prendre conscience de l’impermanence de toute choses et nous permet de sentir notre appartenance à un système plus grand que nous-même.”
Une prise de recul s’impose et tout nous devient plus clair, plus évident. Notre quotidien, notre objectif de vie, voir notre place même dans la société : les solutions n’ont qu’à être ramassées à pleine main. Nos actions au sein et POUR la société prennent d’avantage de corps, et s’ancrent avec fermeté.
Par ailleurs, ces valeurs quotidiennes me sont si importantes que j’en ai imprégné complètement ma démarche artistique et créatrice. Il me serait difficile de me passer de ces notions éco-responsables & artisanales pour Cosy Jungle.
Je vous souhaite de tenter l’expérience cet été pourquoi pas et je vous invite à vous lancer dans cette folie – certes douce, tranquille mais inébranlable : ralentissez.
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Un peu de lecture
Je terminerai cet article par une citation d’un livre formidable de Wolf Küper qui a été un déclencheur véritable en moi avant le Covid, traduit de l’allemand chez Actes Sud par Rose Labourie en 2018. Le titre magnifique de ce récit est Un million de minutes, comment j’ai exaucé le souhait de ma fille et trouvé le bonheur en famille. La lecture de ce témoignage émouvant, raconté par le père de Nina a donné lieu a de nombreux échanges avec mon Amoureux, sur ce million de minutes…
“Alors qu’en réalité, ce n’est pas un million d’euros qu’il nous faut. Mais un million de minutes ! Avec la lenteur aussi spectaculaire qu’insouciante qui était la sienne en toute circonstance, Nina m’avait déjà fait prendre conscience que le temps n’appartenait qu’à nous. Et ce indépendamment de tout jeu-concours. Le temps, c’est notre vie, et notre vie est à nous avant qu’on aille, pour des raisons incompréhensibles, l’échanger contre de l’argent pour finir par s’en racheter, presque sous cape, un petit morceau ici ou là. Et si on prenait un million de minutes ? Dès maintenant ?“
Crédit première photo ©Sagescommedesimages
5 Comments
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Lisa
Ça me parle tellement ! 🖤 Faut juste prendre le temps..pas facile..mais c’est possible.. j’apprends à m’écouter.. c’est bon ..méga break pour moi aussi ..mes créations et les réseaux ne sont pas une priorité pour l’instant..je prends le temps comme j’en ai envie surtout ! La vie 😁..des kiss Candice ! Prends le temps..
Soonia
J’ai lu. Ça me parle. Ça m’interroge. Je suis dans ce cheminement également. J’ai noté toutes les références livresques… ça tombe bien je vais à la médiathèque cet après-midi !