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Charlotte Michel restauratrice

Portrait de restauratrice d’art : Charlotte Michel

Connaissez-vous le monde de la restauration d’œuvre d’art ?

Voici un portrait que je veux vous partager depuis ma visite au salon de Pernes les Fontaine en octobre dernier ! Je vous avais parlé de ce salon formidable, et c’est là-bas que j’avais découvert le travail de Charlotte.

Je ne m’attendais pas à découvrir un stand comme le sien aussi, j’ai été très impressionnée de découvrir les “avant/après” en constatant à quel point la restauration était admirable.

Quel paradoxe de réaliser un travail dont le but ultime est de passer inaperçu ! C’est pourtant dans ce tour de main (de maître) que Charlotte Michel propose son talent de restauratrice dans Le Vaucluse, à Pernes.

Elle a accepté de se plier au jeu des questions réponses, pour vous faire découvrir son travail, peu connu du grand public. Vous pourrez suivre son actualité sur son compte instagram.

Bonne découverte et encore merci à Charlotte pour son partage 🙂

Bonjour Charlotte,

Avant toute chose, pourrais-tu te présenter pour celles et ceux qui te découvrent ?

Bonjour, je m’appelle Charlotte Michel, j’ai 28 ans. Je suis conservatrice-restauratrice, spécialisée en céramique et verre.

J’ai débuté mon entreprise à Paris début 2022 puis je me suis éloignée de la capitale pour ouvrir mon atelier dans le Vaucluse à Pernes-les-Fontaines.

Comment as-tu découvert cette fibre artistique et manuelle qui sommeillait en toi ? Comment l’as-tu rencontrée ?

Du côté maternel, la fibre artistique a toujours été présente.

Un grand père menuisier-ébéniste, une mère artiste peintre. J’ai grandi entourée de pigments, de pinceaux et de toiles. Petite, je prenais des cours de dessin après l’école avec ma mère. Je n’ai jamais vraiment su créer, mais copier.

C’est très plaisant d’essayer de reproduire ce qui est devant nous. En parallèle, j’ai toujours été très intéressée par l’histoire de l’art. C’est principalement lors d’un voyage au Guatemala que j’ai pu me rendre compte de la joie que me procuraient les témoignages du passé présentés dans les sites mayas. Ces derniers nous offrent  beaucoup d’informations qui auraient pu être oubliées, enterrées à jamais.

La conservation-restauration du Patrimoine relie l’histoire de l’art et la « copie » (imiter la facture), l’empreinte de l’artiste sur son œuvre. C’était donc une fusion parfaite.

Tu as un métier tout à fait singulier : la restauration d’œuvres d’art. Tu peux à la fois peindre des détails, réparer des pièces cassées, reconstituer carrément des pans entiers d’œuvres : au final ton travail consiste à faire oublier ton intervention ! Comment appréhendes-tu chaque nouvelle pièce ?

Il y a plusieurs types d’intervention.

Lorsqu’il s’agit de pièces archéologiques, la restauration favorise la stabilité, la compréhension de l’œuvre. La restauration est donc visible afin de mettre en lumière l’œuvre originale. Pour ce qui est de la restauration illusionniste, effectivement, elle n’est pas forcément perceptible à l’œil nu. Ces deux types d’intervention sont différentes et ne transmettent pas les mêmes émotions mais elles redonnent toutes deux vie aux objets.

Chaque pièce a sa problématique. Chaque nouvelle œuvre qui arrive à l’atelier est un challenge, qu’elle ait une valeur sentimentale ou historique. Lors de la réception d’une œuvre, un constat d’état et un diagnostic sont réalisés afin de déterminer ces fameuses problématiques et leurs causes. C’est seulement après cela que la pratique commence.

Que cela soit pour la céramique ou le verre à restaurer, qu’est-ce qui t’attire le plus dans ces restaurations ? Comment as-tu découvert ce métier ?

Nous sommes en quelque sorte des médecins d’œuvres d’art.

Lorsqu’une pièce est déposée à l’atelier, elle présente souvent des lacunes, des fragments, des fissures ou autre. J’aime rendre à l’objet son aspect d’origine tout en conservant certaines traces de sa « vie » jusqu’à aujourd’hui (celles qui n’altèreront pas la pièce d’avantage comme par exemple certaines usures). Redonner vie à l’œuvre.

J’ai découvert cette profession lors d’un forum des métiers que mon lycée organisait. Une personne nous a présenté la conservation-restauration du patrimoine. J’étais très intriguée et je me suis de plus en plus informée sur le sujet. Cela m’a ensuite passionnée et j’ai donc commencé la formation.

Etait-ce une évidence de te lancer dans ce domaine au moment d’imaginer tes études, par exemple ? Comment devient-on restauratrice d’art ?

Cela n’était absolument pas une évidence. Au début, je savais que je voulais travailler dans le  domaine artistique mais c’était très flou. Dès que j’ai connu ce métier, oui cela a été une évidence.

J’ai donc débuté mes études dans une école spécialisée en conservation-restauration du Patrimoine. La formation dure cinq ans, cela comprend aussi deux années de mémoire. Dans mon cas, j’étais très friande de céramiques archéologiques. On m’a donc confié deux pichets du Bas Moyen-Age à dérestaurer puis restaurer de façon archéologique. Cette formation regroupe de la pratique, de la science ainsi que l’histoire de l’art. Elle est très complète.

Quel est le meilleur conseil que tu aies jamais reçu et que tu transmettrais volontiers aux personnes qui voudraient se lancer dans ce domaine ?

Je dirais que la formation est indispensable pour bien traiter les œuvres. Je ne pense pas que l’on puisse faire ce métier sans passer par une formation approfondie.

Il faut ajouter à cela des stages qui sont évidemment un plus dans notre formation. Ma famille m’a toujours conseillé d’essayer et ensuite je pourrais savoir ce qui me convient, ce qui me plait. J’ai voulu profiter de ces occasions pour diversifier mon savoir :

– un stage chez un potier pour entrer en contact direct avec la matière,

– des fouilles archéologiques afin de découvrir les étapes de mise au jour de témoignages,

– chez des restaurateurs en France et à l’étranger car les méthodes diffèrent parfois ou se complètent,

– sur les chantiers de monuments historiques qui m’ont permis de découvrir le travail sur des œuvres monumentales et d’en comprendre les contraintes mais aussi les avantages.

Essayer, s’ouvrir, oser, c’est l’origine de tout.

Avec ton expérience passée, quelle est la chose dont tu es la plus fière ?

Je ne dirais pas qu’il y ait d’œuvre en particulier qui pourrait me rendre fière, je dirais que ce qui me rend fière c’est l’instant où le client découvre son œuvre restaurée. Que ce soit lorsque je travaillais sur les monuments historiques en équipe ou bien en atelier. C’est le fait d’apporter un nouveau regard au client sur son œuvre.

Je profite de cette opportunité de portrait pour parler d’un projet de loi très dangereux pour le patrimoine. En effet, ce projet consiste à créer un « titre protégé» de restaurateur en conservation-restauration. Cela met fortement en péril beaucoup d’acteurs de la culture et du patrimoine. Cette loi vise à instaurer un monopole  et aura pour conséquence de créer des interdits de travail au sein de très nombreux professionnels (comme les compagnons du devoir, les restaurateurs du patrimoine ayant été formés ailleurs que dans les quatre écoles publiques, les relieurs, les doreurs et bien d’autres encore). Nous sollicitons votre aide et soutien, afin de faire entendre notre voix à l’encontre de ce texte et de ce projet. Le patrimoine a besoin de vous : découvrir le lien.

Merci pour ce partage Charlotte ainsi que d’avoir partagé cet univers de la restauration avec nous et à très bientôt !

Retrouvez la sur son compte instagram pour suivre son actualité ou bien sur son site Internet 🙂

Je suis Candice Aubert-Dhô – Artisane d’art textile engagée, dans ce blog je vous ouvre les portes vers un artisanat local et conscient. retrouvez d’autres portraits via la catégorie “portrait d’artisane” sur le blog. Pour suivre l’actualité du site, cliquez dans le formulaire ci-dessous ou via la rubrique Contact.

2 Comments

  • Catherine Michel

    Bravo pour votre travail et ce bel article sur Charlotte!

    • cosyjungle

      Merci à vous Catherine pour votre message 🙂 C’est un plaisir pour moi de partager mes coups de cœur, encore plus quand le savoir-faire est au rendez-vous !

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