Portrait d’artisane : Melle FLEUR
Elle fait partie des créatrices qui ont démocratisé le punch-needle dans nos intérieurs. Son univers, sa patte, ses couleurs doivent vous évoquer quelque chose de familier, j’en suis certaine ! Vous avez déjà certainement vu l’un de ses coussins, mais Melle Fleur est bien plus que cela et cache bien des talents dans son sac : collage, peinture, tricot, aquarelle, assemblage, couture, macramé, broderie…
Je suis fascinée par sa capacité à développer son univers à travers tant de médiums différents, tout en conservant son identité. Stéphanie est de ces femmes protéiforme qui a de l’or au bout de ses dix doigts, assez pour transformer perle ou laines en bouche pulpeuse ou ex-voto en coquillage.
Vous pouvez découvrir son travail plus en détail et en image sur son compte Instagram, son Facebook ou découvrir votre bonheur sur son site Etsy
Bonne découverte 🙂
Bonjour Stéphanie !
Avant toute chose, pourrais-tu te présenter pour celles et ceux qui te découvrent ?
Je m’appelle Stéphanie, j’ai 48 ans et je suis mariée. J’ai deux filles adorables, et un chat trop mignon que j’aime d’amour. Je suis alsacienne (je tiens beaucoup à ce détail), aînée d’une famille de neuf enfants, et expatriée dans l’ouest depuis 25 ans déjà.
Après avoir vécu à Nantes puis à Rennes pendant quelque temps, je suis maintenant finistérienne depuis un an, tout près de l’océan, grande source d’inspiration pour moi qui voulait être sirène quand j’étais enfant ;).
Comment as-tu découvert cette fibre artistique et manuelle qui sommeillait en toi ? Comment s’est-elle révélée ?
En réalité elle a toujours été là. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours dessiné et bricolé. Mes camarades de classe me prédisaient un avenir de « dessinatrice »! Et puis j’ai de qui tenir : on est tous doué de nos dix doigts dans ma famille, des parents au plus jeune. De plus, nous n’avions pas la télé à la maison, et laisser parler son imagination et sa créativité furent d’excellents moyens de passer le temps je dois dire…
Je rêvais de construire ma maison, fabriquer mes meubles et ceux de mes poupées, faire mes habits, et cela m’ouvrait un champs des possibles extraordinaire qui n’a cessé de me nourrir au fil des années. Par la suite j’ai fait un bac A3 (arts plastiques-philo) ce qui a conforté mon amour de l’art et de la création. Je n’ai malheureusement pas poursuivi dans cette voie, mais je n’ai jamais totalement arrêté de créer.
Pourrais-tu nous parler de tes inspirations ?
Elles sont multiples : l’art bien sûr, avec une prédilections pour l’ iconographie religieuse et/ou médiévale ; et des courants aussi variés que le symbolisme, les nabis, Memphis ou le Pop Art. La poésie aussi. Enfin, la nature qui m’entoure est également une grande pourvoyeuse d’inspiration. Elle est partout pour qui sait regarder !
Aujourd’hui Melle Fleur est la marque de fabrique sous laquelle nous découvrons tes punch needle et autres broderies : Qu’est-ce qui t’attire le plus dans ce champs créatif ? comment l’as-tu découvert ?
Le fil était très présent autour de moi quand j’étais enfant : ma grand-mère paternelle était une serial crocheteuse, ma tante et sa sœur étaient des tricopathes, doublées de couturières compulsives, et ma mère faisait du macramé, du tricot ou de la couture. J’ai très vite été fascinée par ce qu’on pouvait faire avec un simple fil, et à 9-10 ans je savais tricoter.
A l’adolescence, j’ai commencé à coudre pour bidouiller mes vêtements, et des années plus tard, j’ai eu envie d’apprendre le crochet (ce que j’ai pu faire à la naissance de ma première fille quand j’ai pris un congé parental). Mais après avoir fait le tour de la question crochet, j’ai eu envie de découvrir d’autres techniques. Et c’est comme ça que, après un détour par le macramé, la broderie au poinçon (ou punch needle), et la broderie tout court, sont entrées dans ma vie. En fait, je me suis rendue compte que le dessin me manquait trop et qu’avec ces médiums, je pouvais allier dessin et fil dans une même pratique, alors pourquoi se priver?
Tes réalisations en punch needle sont très colorées, tu as un style très reconnaissable entre art abstrait, cubisme et pop culture : comment se passe ton parcours créatif ?
La plupart du temps, l’idée part de quelque chose qui m’a inspiré et je la griffonne dans un carnet. J’en ai toujours un à portée de main, car mon cerveau bouillonne en permanence et je ne veux pas être prise de court. Et ensuite ça mûrit…ou pas ! Mais si ça fait tilt, je vais mettre tout ça au propre avec un beau dessin qui m’aidera à visualiser le rendu final, les matières et les couleurs.
Ensuite je me laisse porter par la réalisation, et il n’est pas impossible parfois que je dévie complètement de ce que j’avais prévu au départ! J’aime d’ailleurs cette part de hasard (heureux ou non) qui nous emmène parfois dans des directions que l’on n’aurait pas imaginées au départ. Mais il m’arrive aussi de ne rien planifier du tout, et de me laisser porter par l’inspiration et l’instinct.
En vrai, il n’y a pas de recette pré-établie dans mon processus créatif. Les chemins que j’emprunte sont parfois assez mystérieux, même pour moi !
Etait-ce une évidence de te lancer dans ce domaine au moment d’imaginer tes études, par exemple ? Peux-tu nous partager ton parcours de vie ?
Quand j’ai fini mon bac Art plastiques, j’avais très envie de faire l’école des Arts décoratifs à Strasbourg : je voulais apprendre l’illustration, et j’avoue que je ne pensais pas du tout au textile à ce moment-là. Pour des raisons multiples et variées, ça ne s’est pas malheureusement pas fait. J’ai fini par faire des études de lettres et civilisations étrangères. Mais je me suis toujours dit que si je n’arrivais pas à mes fins par la voie royale, je prendrais des chemins de traverse. Et c’est ce que j’ai fait. J’ai alors découvert l’art textile et ça a été un véritable coup de foudre. Et puis quand les réseaux sont arrivés, ça a été une formidable vitrine pour montrer ce que je faisais, et c’est comme ça que tout à commencé pour Melle Fleur.
Quel est le meilleur conseil que tu aies jamais reçu et que tu transmettrais volontiers à celles & ceux qui nous lisent ?
Sois curieuse ! Ouvre les yeux ! La beauté est partout !
Et ce qui m’aide dans tous les aspects de ma vie, c’est de me dire que si les autres y arrivent, pourquoi pas moi ? Ça a l’ai bête comme ça, mais ça m’a fait prendre conscience que j’avais autant de valeur que n’importe qui, et que par conséquent, il fallait arrêter de comparer son travail à celui des autres, ce qui peut être extrêmement inhibant créativement parlant. Alors, même si parfois je peux fugacement éprouver un petit syndrome de l’imposteur, dans l’ensemble je me sens plutôt légitime dans ce que je fais, et c’est énorme !
Avec ton expérience passée, quelle est la chose dont tu es la plus fière ?
Je ne sais pas trop. J’ai du mal à être fière de moi parce que je trouve toujours à redire à ce que je fais. Je place souvent la barre très haut. Mais je peux quand même dire que c’est extrêmement valorisant d’apporter un peu de beau autour de soi. Sinon, en termes de projets, celui dont je suis la plus fière est d’avoir fait des coussins pour le restaurant de la cheffe étoilée Virginie Giboire à Rennes.
Enfin, aurais-tu un prochain projet à nous partager ?
Je n’ai pas de projets particuliers pour le moment, si ce n’est de me faire connaitre dans ma nouvelle région. Mais j’ai quand même des envies d’évolution pour Melle Fleur. Ces deux dernières années je me suis sentie de plus en plus enfermée avec mes coussins en punch-needle. Je me suis essouflée artistiquement. J’ai aussi eu besoin de reprendre plus souvent les crayon et les pinceaux. Il va me falloir trouver d’autres façons de m’exprimer, toujours avec du fil, bien entendu, mais peut-être en mixant plus de techniques. J’ai envie de travailler en volume, de créer des mondes miniatures…
On verra ce que ça donnera ; mes carnets sont déjà bien remplis !
Grand merci pour tes réponses Stéphanie, et à très bientôt !
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