Portrait d’artisane : virginie brunet, ébéniste d’art
Vous allez découvrir ce dont est capable une artisane ébéniste d’art, en découvrant le parcours de Virginie Brunet.
Car c’est bien la première fois que je voyais un bois travaillé de la sorte ! Quand j’ai rencontré Virginie pour la première fois, c’était à l’occasion des JEMA23 et j’ai été fascinée par cette “matière” qui me parle et qui prenait vie sous ses doigts via le bois, la ficelle, l’or, le bois poncé, brûlé… des textures qui se répondaient et qui s’échangeaient, pour créer un univers singulier.
Je n’ai au que peu de temps aux JEMA pour me poser aux côtés de ces incroyables “brûlés”, alors je suis très heureuse que Virginie ait acceptée de se prêter au jeu du portrait pour le blog : cela me donne l’occasion de vous faire découvrir son univers, son énergie et sa philosophie… Et moi d’en profiter un peu plus encore !
Entre Wasi Sabi et ébénisterie d’art, design et artisanat, le vent qui souffle sur ces pièces est celui du feu, de la flamme… Pour sublimer des objets destinés au rebus, il y a tout un travail, et cette démarche me parle forcément. Je vous invite à lire le portrait de Virginie Brunet, que vous pouvez retrouver également via son site internet.
Bonjour Virginie,
Avant toute chose, pourrais-tu te présenter pour celles et ceux qui te découvrent ?
Virginie Brunet, 52 ans, ébéniste d’art, spécialisée en restauration de meubles anciens et créatrice de mobilier, de luminaires et d’objets de décoration où souffle l’esprit Wabi-Sabi.
Guérisseuse d’objets et créatrice insatiable, je rends vie à la matière en jouant sur l’ombre et la lumière, le noir et l’or, le lisse et le rugueux, le simple et le complexe, le nécessaire et le superflu.
Au sein de mon atelier j’effectue les restaurations de meubles de style XIIIème à XXème, de mobilier massif, de sièges et d’objets d’art.
Depuis plusieurs années, j’explore les techniques ancestrales japonaises du bois brûlé – Shou Sugi Ban – et du Kintsugi – réparation à la feuille d’or.
Dans toutes mes créations, infuse la philosophie du « wabi-sabi ». Ce souffle qui surgit quand notre façon de voir les choses conditionnées et habituelles s’écroule, quand le matériau de rebut perd sa familiarité inerte pour renaitre d’une vitalité singulière, et revêtir les atours d’une beauté ainsi révélée, aussi forte qu’elle est inattendue.
Je conçois mes créations d’abord d’une pièce de bois, irrégulière, souvent mise au rebut, pour lui redonner son unicité joyeuse, faire éclore sa luminosité originelle par ses failles.
Mettre en lumière la beauté de l’imperfection.
Comment as-tu découvert cette fibre artistique et manuelle qui sommeillait en toi ? Comment s’est-elle révélée ?
Je crois bien que j’ai toujours été une créatrice dans l’âme. J’ai passé un diplôme d’Arts Appliqués et suis devenue directrice artistique spécialisée dans le digital pendant 20 ans. J’ai travaillée dans des grandes agences à Paris et suis revenue dans le Sud en 2004 pour monter mon agence de communication digitale.
En 2016, j’ai eu envie de changer de voie et retrouver la matière. J’ai passé mon CAP d’ébéniste au Lycée Poinso Chapuis en 2017.
Je suis « tombée » dans le bois à la minute où je suis rentrée dans l’atelier d’ébénisterie de mon futur maître de stage. J’y faisais un stage d’immersion de 3 semaines… j’y suis restée 3 ans !
Je savais que j’étais au bon endroit, totalement alignée avec ce que je voulais vivre.
Aujourd’hui ton talent se partage entre ébénisterie et bois brûlé : qu’est-ce qui t’attire le plus dans cette matière ? Comment passes-tu de l’un vers l’autre ?
Le bois est vivant, c’est une matière qui te « parle », qui ne fait pas ce que tu veux, comme tu veux, qui a sont mot à dire…
Que ce soit dans la restauration de meuble ou dans le brûlage de mes créations, il y a le même lien, la même connexion avec le bois, un dialogue qui s’instaure, c’est magique !
Je discute toute la journée avec mes meubles et mes créations !
Pourrais-tu nous parler de tes inspirations ? l’esprit wabi-sabi fait partie de tes leitmotiv il me semble, que signifie-t-il pour toi ?
L’ombre et la lumière, le noir et l’or, le lisse et le rugueux. Le simple et le complexe, le nécessaire et le superflu. Juxtaposition de l’ancien et du nouveau, je voyage au cœur de la matière pour lui redonner vie.
Que ce soit dans l’ébénisterie d’art en restauration de patrimoine & mobilier ancien ou dans la création… Je redonne vie aux bois anciens.
Pour la restauration de mobilier, on pourrait dire que je suis l’ostéo du meuble. J’aime beaucoup cette idée que je contribue à remettre en vie un meuble abîmé et qu’il va retrouver sa famille en pleine forme pour vivre encore longtemps pleins d’aventures.
Pour la partie création, j’ai toujours été très attirée par l’Asie et sa philosophie. Inspirée par la philosophie du Tao, j’essaye de trouver l’équilibre, surfer sur la Vie pour y trouver la Joie au quotidien. Pour ça, le lien à la matière est juste sublime !
L’art de la main… on est obligée d’être dans l’instant,. Sans penser à rien d’autre que ce que l’on est en train de faire. Une vraie bulle méditative !
Je finis par me dire que « quand je ponce, je suis » ! ;o)
Comment se passe ton parcours créatif, comment se passe une rencontre avec une pièce de bois ?
Je conçois mes créations d’une pièce de bois, irrégulière pour lui redonner son unicité joyeuse, faire éclore sa luminosité originelle par ses failles.
J’utilise tous les bois anciens que je trouve où que je rachète que ce soit une ancienne charpente en chataignier d’Ardèche ou une armoire en noyer massif du 19ème siècle.
Je débite, dégauchis et retravaille tous mes bois pour en faire des créations originales. Je mets en lumière leurs failles.
Ce sont des pièces uniques ou de petites séries, je m’inspire de la nature mais aussi beaucoup d’artistes. Je suis une grande fan de Soulages et ses « outre-noir » ainsi que Louise Bourgeois et son « araignée ».
Transfigurer le banal, faire émerger l’imperfection et la mettre en lumière dans toute son humble beauté.
Quel est le meilleur conseil que tu aies jamais reçu et que tu transmettrais volontiers à celles & ceux qui nous lisent ?
Ne pas avoir peur de vivre sa passion et d’explorer toujours.
Être curieux, je crois que c’est le plus important dans la vie
Avec ton expérience passée, quelle est la chose dont tu es la plus fière ?
Je suis fière du sillon que je creuse chaque jour pour explorer encore plus, pour continuer à apprendre mon métier et aussi faire connaître les métiers d’art qui sont tous passionnant les un que les autres !
Je suis fière aussi de faire partie de deux magnifiques associations qui s’appellent : The French Craft Guild qui justement travaille à faire connaître les métiers d’art ainsi que The Craft Project, le Think Tank de Raphaelle Le Baud.
Être à la croisée de l’artisanat, de l’art et du design, effacer les frontières !
Enfin, aurais-tu un prochain projet à nous partager ?
Justement en parlant de frontières, je fais aussi partie du collectif d’artistes Arts de Femmes et nous avons organisé le 1er festival artistique engagé et généreux en Provence ! Les 10 et 11 juin à Salon de Provence, nous nous sommes produites au Château de l’Emperi à l’occasion d’une performance de 12h en live par 12 artistes et nous sommes fières de soutenir une belle cause : la lutte contre les violences faites aux femmes.
Plus d’infos sur www.artsdefemmes.fr
Grand merci pour tes réponses Virginie, et à très bientôt !
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