le flow comme art-thérapie
Si vous l’avez lu ici, vous savez qu’au moment d’emménager dans notre maison, j’ai du conserver mes laines sous carton pendant 9 mois.
Le temps d’une gestation… pour me rendre compte qu’il m’était impossible de me passer de ce moment créatif. Impossible de ne pas avoir de respiration, de moment seule avec moi-même qui soit dédié à la création.
Il y en a qui ne peuvent pas se passer de sport par exemple, je n’ai jamais trop réussi à faire partie de ce club-là, à mon grand désarrois. Il y en a pour qui cuisiner est leur moment rien qu’à eux. Pour ma part, c’était mes laines et mes matières. Il a donc bien fallu que je me rende à l’évidence, après un burn-out et un bilan de compétence, CosyJungle m’était devenu indispensable.
Il y a bien sûr, dans cette activité, la volonté de maitriser une chaine d’action de A à Z en tant que chef d’entreprise : conception, création, échange, expédition, SAV client et (la partie la moins funky pour moi) l’administratif.
Mais la partie créative m’apporte d’avantage, vous vous en doutez.
Je m’abandonne véritablement au sens propre comme figuré lorsque je suis en étant créatif.
Je pers la notion du temps, ou plutôt je redeviens maitresse de mon temps intérieur, personnel, unique. Une heure peut tenir dans une journée et la journée n’est jamais assez longue… Combien de fois j’ai regardé l’heure à tout hasard pour me rendre compte que, oups, à une minute près je serai en retard ?
En me perdant dans mes fils, mes méandres de créativité, j’atteins ce fameux état de FLOW qui me fascine. Il me transporte et je parviens toujours à créer exactement ce que je souhaite lorsque j’atteins ce stade, ou bien je me rend compte que je suis en train d’apprendre et mes échecs deviennent satisfaction. Si vous ne l’avez jamais encore expérimenté, Wikipédia le définit très bien ainsi :
“En psychologie positive, le flow – mot anglais qui se traduit par flux –, ou la zone, est un état mental atteint par une personne lorsqu’elle est complètement plongée dans une activité et qu’elle se trouve dans un état maximal de concentration, de plein engagement et de satisfaction dans son accomplissement. Fondamentalement, le flow se caractérise par l’absorption totale d’une personne par son occupation.”
Voilà, c’est ça : Concentration. Plein Engagement. Satisfaction. Accomplissement. Absorption totale.
TOTALE.
Le mot n’est pas un euphémisme. En ce sens que j’y pers même la notion du temps, voire de mes priorités. J’oublie ce qui a pu me contrarier dans la journée, je n’y pense plus : ces mauvaises ondes me délaissent pour laisser place à des sentiments calmes, apaisants. Le flux de création s’écoule comme le sable dans son globe, mesurant le temps à sa façon.
Je suis complètement absorbée, devenue absente au monde pour retrouver mon unité, mon intériorité, cette présence en moi, avec moi qui m’accompagne fermement et pourtant… invisible.
Tisser prend son sens évidemment, quand vous vous saisissez de mes pièces, vous les recueillez dans vos propres cocons et les faites vôtres le temps d’une vie ou d’un cadeau à un être cher. Ces échanges m’apportent une gratitude incroyable, ils reflètent ma chance de pouvoir partager cet art ancestral et pourtant si simple du tissage… Mais il n’y a pas que ça.
Quand je crée, je me connecte à quelque chose de profond et de discret.
Quand je tisse, cette jungle faite de fils et de matières, de textures et de douceur est ma nouvelle maison.
Cet événement a tout d’une catharsis.
Lorsque mon fils, alors nourrisson âgé de 10 jours, a été admis en réanimation à l’Hôpital Nord de Marseille, le retour à la maison a ensuite été un peu chaotique, nerveux. Stressant. Très stressant… Nous avons tout deux encaissés, avec mon Amoureux, tant bien que mal, et la vie a repris son cours grâce à notre fille de 3 ans devenue grande sœur, ainsi que à ce cher bambin qui reprenait du poil de la bête.
A ce moment-là, le tissage a véritablement été cathartique.
J’avais le moyen d’exprimer, de sortir ce que j’avais à l’intérieur de ma chair par cet art que je commençais à maitriser. Étrangement, c’est à cette période-là, que j’ai créé le plus de pièces… très colorées. Des effusions de pastel, d’associations de rose, de jaune, de vert très flashy, c’est d’ailleurs à ce moment-là que mon design des “demi tissages” est né (un côté lisse, un côté très texture).
Par mes créations, j’avais choisis, sans le vouloir ou le conscientiser, d’invoquer la joie et la félicité à laquelle nous nous refusions encore. J’avais choisi d’accueillir la vie, coûte que coûte.
De part ce flow, je sais aujourd’hui pourquoi il m’est si nécessaire de créer. Via le tissage bien sûr, mon médium de prédilection. Mais pas que… Créer fait partie de moi. Improviser des trucs, détourner un objet, faire-défaire-refaire inlassablement, offrir, rencontrer, écrire, photographier…
Rien n’est figé, cela me semble évident, car tout est toujours possible, la création rend tout possible.
La liberté (re)devient grande.
Et puis… il y a une part d’enfance à cette créativité sans fin, à être tant absorbé.e par une tâche que vous en oubliez le reste, vous ne trouvez pas ? Seuls les enfants peuvent observer une fourmi transporter une graine sur 3 m, et en être ravis.
Laissez-moi avec un groupes d’enfants et je finirai par colorier avec eux, à peindre avec eux, à danser avec eux, à bricoler pour eux (ne comptez pas sur moi pour m’occuper d’eux ! :D)
Pas plus tard que ce fameux après-midi de juin, j’ai pu improviser un spectacle de cerceaux de toute beauté devant les copains de ma fille (et avec eux, évidemment) sur la musique de Vaïana, mon fils sur les épaules riant à gorge déployé… J’ai gagné leur respect je crois.
C’est surement pour cela que, ma fille me connaissant si bien, n’a eu aucun scrupule à passer commande auprès de ces (six !) copains d’école de fanions de poissons colorés en 3D que j’avais bricolé pour elle et son frère via un petit atelier issu d’un Marie-Claire Idées…Papier cartonné, boutons, feuilles, tissu et pistolet à colle ont chauffés pour tenir les délais de fin d’école ! Une sacrée commande qu’il me fallait honorer, sans nul doute. J’aurais pu refuser, vous me direz…
Oui…
J’aurais pu : )
Candice
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